En adoptant la gestion des actifs et des services, les entreprises de construction et de travaux publics peuvent générer des profits tout au long du cycle de vie des actifs.
Dans cet entretien, Kenny Ingram, spécialiste de l’industrie de la construction et des travaux publics et Global Industry Director chez IFS, nous explique comment les entreprises peuvent générer des profits en adoptant la gestion des services et des actifs.
Fort de plus de 20 années d’expérience dans le secteur des systèmes métier, Kenny travaille chez IFS depuis plus de 16 ans. Considéré aujourd’hui comme l’un des plus grands experts des systèmes métier orientés projet, il a largement contribué à l’exécution de la stratégie IFS dans ce domaine ces 16 dernières années. Auparavant, il a assumé diverses fonctions liées à la gestion et à la comptabilité de projet, en passant par la supply chain et la logistique.
Question 1
Pourquoi de plus en plus d’entreprises de construction et de travaux publics souhaitent adopter la gestion des services et des actifs ?
Réponse : De nombreux facteurs poussent les entreprises de construction à s’intéresser à la gestion des services et à la gestion des actifs.
Tout d’abord, elles souhaitent pour la plupart se développer et augmenter leurs marges. Le nombre d’appels d’offres auquel elles peuvent répondre étant limité, leurs opportunités de développement sont aussi limitées. À l’inverse, comme tout actif existant a besoin d’être géré, les opportunités de profits sont plus nombreuses dans le domaine de la gestion des services et des actifs que dans celui des constructions neuves.
Mais il y a également d’autres opportunités à saisir. Une société qui répond à un appel d’offres pour un nouveau bâtiment peut proposer en même temps un contrat de service, puis faire une offre pour les contrats de renouvellement de service des actifs existants. Il y a là un fort potentiel de croissance.
Parallèlement, les entreprises de construction se tournent vers la gestion des services et des actifs afin de limiter les risques et d’assurer leur avenir. Il est difficile de prévoir l’évolution des activités d’une société qui se lance exclusivement dans des projets de constructions neuves ou de rénovation, car ses revenus et profits proviennent généralement d’un nombre de sources limité : qu’elle remporte ou perde un contrat important, ses résultats financiers s’en ressentent.
Les contrats de gestion des services et des installations sont souvent attribués à moyen et long terme, la plupart du temps pour des périodes de 5 à 10 ans, et les revenus sont généralement répartis de façon égale pendant toute la durée du contrat. Ce flux de revenus est donc plus facile à prévoir.
Ainsi, si 70 % des revenus d’une entreprise proviennent de la maintenance et de l’exploitation d’actifs et si les 30 % restants proviennent de projets de constructions neuves, il est beaucoup plus facile de prévoir et de lisser les revenus et profits totaux. Parallèlement, cette société est moins susceptible de voir ses performances financières baisser considérablement, notamment en cas de récession et de chute des contrats de constructions neuves.
En résumé, son avenir est mieux assuré. Les propriétaires et directeurs de ces entreprises se préoccupent bien évidemment de la valeur sur le marché et du prix des actions de leur société. La diversification, telle que nous l’avons présentée ci-dessus, a de très fortes chances d’avoir un impact positif sur la valeur et le prix des actions de l’entreprise, qui gagnera ainsi en attractivité auprès des banques et des investisseurs.
Enfin, l’ensemble des éléments susmentionnés rend l’entreprise plus attractive pour des clients potentiels qui veulent avoir affaire à des organisations stables financièrement et recherchent de plus en plus des services couvrant tout le cycle de vie des actifs.
Question 2
Quel est le moteur de ce changement ?
Réponse : Plusieurs tendances soutiennent ce changement. Comme nous l’avons déjà vu, les entreprises de construction souhaitent que leurs activités soient financièrement plus stables et plus attrayantes.
Peut-être plus important encore, la vision des clients et propriétaires d’actifs s’élargit désormais à l’ensemble du cycle de vie et au coût total des actifs, pendant toute leur durée de vie. Le coût de construction de la plupart des biens représente moins de 20 % du coût total du cycle de vie. Habituellement, les entreprises de construction se contentent de construire le bâtiment et ne sont pas incitées à se soucier de la facilité et du coût de la maintenance et de l’exploitation du bien, une fois la construction terminée.
Beaucoup de bâtiments sont construits sans que la question de la difficulté de leur maintenance ait été posée.
Mais aujourd’hui, les propriétaires d’actifs s’intéressent aux TOTEX (CAPEX + OPEX). Dans ce contexte, il faut concevoir des biens faciles à produire, construire, exploiter et entretenir. Par exemple, vous ne concevriez pas un avion complexe, lent et coûteux à entretenir. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour un bâtiment ou une infrastructure ?
Les tendances des technologies digitales et les initiatives liées aux processus comme la modélisation des données du bâtiment (BIM) ou l’Internet des Objets accélèrent également cette tendance.
Par ailleurs, les propriétaires se focalisent de plus en plus sur la performance et la disponibilité des actifs. Après tout, un actif qui ne peut pas être utilisé n’offre pas les résultats escomptés. Ainsi, le concept des contrats basés sur les résultats va certainement bouleverser le secteur.
Pourquoi un propriétaire d’actif souhaitant obtenir le meilleur résultat ne ferait-il pas appel à une seule entreprise pour la conception, la construction, la maintenance et l’exploitation, en lui demandant de s’engager contractuellement sur les résultats ? C’est le plus grand changement à venir. Les entreprises de construction vont devoir changer la façon dont elles livrent leurs solutions.
Question 3
Pourquoi les contrats devraient-ils gagner en complexité ?
Réponse : Les contrats basés sur les résultats ou les performances ne sont pas nouveaux. Dans l’industrie de l’aviation, les contrats horaires existent depuis de nombreuses années. Selon ce concept, le contrat d’un fournisseur de moteur aéronautique peut être basé sur le nombre d’heures de vol, pour que la compagnie aérienne ne paye pas lorsque le moteur n’est pas en vol. Ainsi, pour un hôpital, une entreprise de construction pourrait baser sa facturation sur le nombre de lits occupés ou sur la rapidité de la guérison des patients. Pour une école, le critère pourrait être les résultats aux examens.
Si des contrats de ce type étaient mis en place, cela entraînerait d’importants changements au niveau des méthodes de travail des entreprises de construction et des types d’informations et de processus dont elles ont besoin pour que leurs contrats soient rentables.
Question 4
Dans ce contexte, en quoi les progiciels peuvent-ils être utiles et quels critères devraient orienter le choix d’une entreprise ?
Réponse : Si l’on tient compte de l’ampleur du changement auquel va être confronté le secteur de la construction, il est clair que la plupart des systèmes métier des entreprises de construction ne sont pas à la hauteur. Il est possible que certaines organisations espèrent se débrouiller avec d’innombrables feuilles de calcul Excel, comme elles le font aujourd’hui. Mais à l’avenir, cela ne suffira plus.
De plus, la production modulaire hors site est également une autre tendance majeure de l’industrie. Cela devrait accélérer le rythme de progression des nouveaux entrants sur le marché. Il est même possible que des entreprises comme Amazon, avec une approche orientée processus beaucoup plus rigoureuse, se lancent dans le secteur.
Qu’est-ce que cela signifie ? À l’avenir, vos systèmes métier devront être mieux intégrés et permettre une gestion plus professionnelle des projets de construction. La conception va gagner en importance et il sera désormais obligatoire d’intégrer les données de conception BIM. Les actifs, tels que les bâtiments, devront être transférés automatiquement à la solution de gestion des actifs d’entreprise (EAM). Ainsi, les entreprises auront bien évidemment besoin de logiciels capables de soutenir l’exécution des projets de construction et la gestion des actifs.
La solution de gestion des actifs devra être intégrée à l’IoT et aux autres technologies digitales pour effectuer des analyses sur les performances des actifs et soutenir la maintenance prédictive.
Vous aurez besoin d’outils permettant à vos employés mobiles de travailler sur leurs appareils mobiles et d’outils pour les optimiser.
La solution de gestion des contrats devra être très flexible pour s’adapter et proposer des contrats complexes basés sur les performances et les résultats.
Le client exigera de pouvoir mesurer chaque aspect de la vie de l’actif et l’entreprise de construction devra pouvoir analyser les profits et coûts des contrats pour s’assurer que ces projets sont rentables.
De plus, si vous avez besoin de construire et de gérer une installation hors site modulaire, vous aurez besoin d’une solution capable de faire fonctionner une usine de lean manufacturing et de gérer des processus de livraison et de logistique complexes, pour livrer sur site en temps voulu.
En bref, vous aurez besoin d’un logiciel qui vous aide à devenir un fournisseur de solutions couvrant tout le cycle de vie des actifs.
Vous souhaitez en savoir plus sur ce sujet?
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