Les Google Glass sont-elles faites pour les consommateurs ou pour les professionnels ? Les deux à la fois. D’ailleurs, ce type de questionnement n’a plus vraiment lieu d’être, tant les usages professionnels interagissent avec les usages privés, et vice-versa.
Avant, c’était souvent le monde militaire et certaines industries de pointe comme l’aérospatiale qui testaient et validaient les grandes innovations technologiques. Il fallait ensuite des années (au mieux) ou des décennies (plus souvent) pour voir ces innovations pénétrer lentement les domaines publics et domestiques. Le GPS ou le four à micro-ondes ne sont que deux exemples parmi les plus connus.
Depuis quelques années, on parle volontiers de l’influence des usages technologiques privés sur les usages professionnels. L’exemple du smartphone ou de la tablette, pénétrant les bureaux après avoir conquis les foyers, en est une illustration classique.
Parallèlement à cette profusion quasi omniprésente des terminaux connectés, un autre aspect a beaucoup évolué ces dernières années : les interfaces homme-machine. Elles sont de plus en plus variées, de plus en plus riches, et utilisent de plus en plus largement la palette sensorielle humaine. Aux écrans monochromes puis couleurs se sont ajoutées la reconnaissance vocale et la reconnaissance tactile, puis la reconnaissance du geste.
Aujourd’hui, nous sommes sur le point d’y ajouter un nouvel élément : la reconnaissance de l’environnement dans lequel nous nous trouvons et la possibilité de l’enrichir grâce à la réalité augmentée. Et, en la matière, il est un objet qui sait se faire particulièrement désirer : les Google Glass. Elles ne sont pas encore commercialisées, mais leurs différentes applications fourmillent déjà et laissent augurer d’une nouvelle mini-révolution dans les usages.
Ce que les Google Glass vont changer
Les Google Glass sont-elles faites pour les consommateurs ou pour les professionnels ? Les deux à la fois. D’ailleurs, ce type de questionnement n’a plus vraiment lieu d’être, tant les usages professionnels interagissent avec les usages privés, et vice-versa. Sans aller jusqu’à dire que les deux domaines sont en voie de fusion, leur influence réciproque est désormais telle qu’une innovation technologique se développe de plus en plus naturellement dans cette double perspective.
Google l’a bien compris et a été malin (comme souvent). D’une part, la société a mis en place le programme Google Glass Explorer, permettant à quelques heureux élus – développeurs et early adopters – d’acquérir les fameuses lunettes en avant-première et de les tester en situation réelle. Mais aussi de partager avec Google leur expérience, leurs impressions et… leurs idées.
Tout ceci permet à Google d’ajuster les usages et de préparer un “app store” dédié, en fonction des préférences et des retours des utilisateurs-testeurs sélectionnés pour le programme.
Google ne s’est pas arrêté là. Les Google Glass ont également été confiées à des professionnels hors du domaine de l’informatique, afin de les tester grandeur nature dans différentes applications métier. Ainsi, il y a quelques semaines, des chirurgiens ont utilisé pour la première fois les lunettes connectées de Google au cours d’une opération. Si le but premier a consisté à filmer et retransmettre l’intervention (dans une perspective de coopération et de supervision à distance), l’expérience a permis d’identifier d’autres applications possibles. Les Google Glass pourraient permettre de diffuser des informations utiles pour le chirurgien directement sur le verre des lunettes, comme par exemple le rythme cardiaque du patient. Elles pourraient encore aider à guider certains gestes chirurgicaux en faisant ressortir visuellement le parcours du bistouri ou le système veineux. Le champ des possibilités est extrêmement large. Il touchera pas exemple la préparation des commandes en entrepôt ou la maintenance des équipements industriels.
Vers de nouvelles applications métiers
La sortie prochaine des Google Glass va donc sans nul doute donner corps au tout nouveau marché que représente la réalité augmentée, et marquer le point de départ pour foule d’applications. Parmi elles, les applications professionnelles ne manquent pas. A condition que les éditeurs prennent le pas et intègrent ce nouveau champ dans leurs feuilles de route produit.
Après avoir été déclinées dans leur format “full web”, les grandes applications métier sont devenues mobiles et, parfois, vocales et/ou tactiles. Leur adaptation à un nouveau type de terminal connecté – les lunettes – et à un nouveau type d’interface homme-machine – la réalité augmentée – est le prochain grand enjeu des applications métier en matière d’innovation.
Et, si nous voulons porter notre regard encore plus loin, il est un autre type d’interface homme-machine qui pourrait bientôt ne plus appartenir à la science-fiction : l’interface cerveau-machine. Déjà, de nombreuses expériences permettent de substituer l’action de la pensée à celle d’organes externes. Comme par exemple permettre à des aveugles de «voir» ou aider des paralysés à marcher à nouveau. L’action déclenchée par la pensée est à portée de main, et apportera là aussi d’innombrables bénéfices aux activités du quotidien, qu’elles soient privées ou professionnelles.