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De retour après 3 mois de congés paternité (en Suède, les papas peuvent effectivement prendre autant de congés que les mamans!), je dois vous avouer qu’en plus d’avoir passé d’excellents moments avec mes enfants, ces vacances m’ont aussi permises de garder un œil frais sur l’expérience high-tech, en dehors du contexte de travail.

Est-ce vous vous intéressez toujours de savoir qui a émis telle ou telle opinion, ou qui a écrit tel ou tel article au sujet d’un nouveau matériel ou logiciel informatique ? S’agit-il d’un journaliste un d’un professionnel de l’informatique ? Porteriez-vous par exemple de l’attention à un jeune pilote de F1 qui s’exprimerait sur les performances de la nouvelle Ford Mondeo en tant que voiture familiale ? Probablement pas.

Ces derniers mois, plutôt que de lire la presse informatique, j’ai pu observer la façon dont l’iPad et la tablette Windows 8 fonctionnaient dans les mains de mes enfants, leurs cousins, tantes, oncles et grands-parents. C’était comme si je faisais un bond de 20 ans en arrière, au début des années 90 où le débat faisait rage entre Mac et “le bon vieux PC”. Maintenant, c’est iPad vs. Windows 8, et alors que l’iPad domine aujourd’hui le marché, à l’époque, le PC était la référence. Et la principale différence entre les deux systèmes est toujours la même.

Old personal computer and Macintosh

Tout est question de simplicité vs. flexibilité. Est-ce que vous concevez quelque chose en mettant d’abord l’accent sur la flexibilité, et essayez ensuite de rendre cette chose simple ? Ou bien est-ce que vous concevez un produit simple et essayez ensuite de lui apporter un certain degré de flexibilité ? Depuis le début, les ingénieurs de chez Microsoft ont développé un système conçu dès le départ pour être flexible—sous Windows, il est toujours possible d’ajouter, d’étendre, et de forcer des paramètres. Et même si Windows 8 a pour but d’offrir un système peut-être plus rigide et par conséquent plus simple à utiliser, je dirais que la flexibilité, c’est dans les gênes… Quant à eux, les ingénieurs de chez Apple ont passé des années à défendre le fait que vous n’aviez besoin que d’un seul bouton sur votre souris.

La question ici n’est pas d’évoquer l’absence du bouton Démarrer sous Windows 8 (une question déjà largement débattue dans la presse informatique), ni de s’attarder sur le fait que Windows RT fait basculer l’utilisateur en mode “bureau” de temps à autre. Mon but ici, c’est d’analyser des comportements bien plus basiques. Prenons simplement quelques exemples :

  • Sur l’iPad, vous passez d’une application à une autre en appuyant sur le bouton “Home”, et sélectionnez ensuite l’application désirée. Sous Windows 8, vous pouvez faire la même chose. Ou bien aller chercher l’application sur le bord gauche de l’écran en la faisant glisser au centre de l’écran. Ou appuyer sur la touche “Démarrer”. Ou appuyer simultanément sur Alt+Tab pour afficher la liste des applications ouvertes.
  • Sur l’iPad, chaque application fonctionne une à la fois, couvrant la totalité de l’écran. Sous Windows 8, vous pouvez aussi faire ça, ou diviser votre écran en deux et faire tourner deux applications en même temps. Ou bien vous pouvez aussi télécharger une application qui vous permet de diviser votre écran en 6 ou 8 rectangles. Ou…

Je pourrais continuer longtemps avec ce type d’exemples, tout ça pour dire que la flexibilité est toujours en contraste avec la simplicité. Pas nécessairement en contraste avec la facilité d’utilisation cela dit, puisqu’un utilisateur alerte et expérimenté peut, grâce à cette flexibilité, améliorer sa productivité. Néanmoins, pour un utilisateur dit “normal”, la flexibilité signifie pour lui plus de choix et chaque choix qu’un utilisateur aura à faire augmente la complexité d’utilisation et rend ainsi l’apprentissage plus long. C’est la raison pour laquelle il est plus facile de commander un café chez McDonalds que chez Starbucks.

A partir de cette idée, permettez-moi de faire les 3 pronostics suivants :

  • Windows 8 va très probablement gagner en intérêt auprès des utilisateurs “expérimentés” ou ayant un intérêt particulier pour les ordinateurs.
  • Windows 8, ou vraisemblablement ses successeurs, conservera une grande partie de ses utilisateurs et entreprises ayant travaillé jusqu’à présent sous Windows.
  • Les tablettes fonctionnant sous Windows 8 / RT feront partie d’un monde à part dominé par d’autres systèmes, pour les “fans” de Windows en quelque sorte, comme ce fut le cas à l’époque où Mac était dominé par les PC.

Et en fait, un quatrième pronostic, plus personnel : je ne cesserai jamais de me battre avec mon cerveau, qui me rappelle constamment à chaque fois que je pense à concevoir telle ou telle fonction, “Nous pourrions faire ça…” et “C’est aussi un autre bon moyen de faire ça…” Bref, le danger d’augmenter la complexité de notre propre produit est grave.

Au cas où vous auriez besoin d’une autre preuve : lors de notre semaine de vacances au ski, mes deux enfants (âgés de 1 et 3 ans respectivement) se sont battus pour savoir lequel des deux pouvait utiliser l’iPad de la grand-mère…laissant ma super tablette/ultrabook
Dell XPS12 Windows 8 à l’abandon, et attendant patiemment qu’un autre geek soit émerveillé par ses fonctionnalités…

 

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